En janvier dernier, Olivier Tesquet publiait À la trace, une cartographie qu’il espérait complète des acteurs et des enjeux de la surveillance contemporaine. Quelques mois plus tard, l’épidémie de Covid-19 offrait, à l’échelle mondiale, un cas d’usage frappant des dispositifs qu’il était efforcé de décrire.
On a vu des officines de toutes tailles, hier positionnées sur le juteux secteur de la sécurité, pivoter vers un nouvel impératif, celui de la traque des corps malades – un levier encore plus puissant que la lutte contre le terrorisme. Des applications de traçage, de “suivi des contacts”, ont été développées un peu partout, misant sur le numérique pour endiguer la course du virus. Dans le ciel, des drones sortis d’un futur proche ont fait respecter le confinement. On a confié à des caméras le soin de s’assurer du port du masque et du respect de la distanciation sociale.
La crise sanitaire a mis au jour la présence de ces dispositifs de surveillance toujours plus nombreux, dont elle a dans le même temps assis la légitimité et accéléré la banalisation. On demande souvent s’il faut craindre la généralisation d’une surveillance dite de masse ; et s’il s’agissait plutôt d’une massification de la surveillance?
- Extrait: Surveillance, contrôle, traçage: les salariés n’ont jamais été aussi fliqués qu’au temps du Covid (Slate.fr)
Olivier Tesquet: État d’urgence technologique. Comment l’économie de la surveillance tire parti de la pandémie – Eds. Premier Parallele, 2021, 160 p., ISBN 97828506105161